SIMON- PIERRE GONGO

SIMON- PIERRE GONGO

AUTEUR: Un jeune journaliste burkinabé évoque son entrée dans la profession



En septembre 2007 Simon Gongo, un journaliste de 24 ans travaillant pour Radio Campus, à Ouagadougou, au Burkina Faso, diffusait l'histoire poignante d'une femme d'âge moyen, accusée de sorcellerie. Le portrait de cette femme lui a valu deux prix journalistiques prestigieux en 2007 : le BBC Talents Award et le prix RFI-RSF-OIF (de Radio France Internationale, Reporters Sans Frontières et l'Organisation Internationale de la Francophonie).
Avec ces deux prix impressionnants en toile de fond, Simon Gongo s'est entretenu avec RAP 21 de son parcours pédagogique et de son entrée dans le domaine du journalisme. 

 

Malgré son jeune âge, Simon Gongo a déjà prouvé qu'il était capable d'affronter les tabous et les difficultés avec professionnalisme, sensibilité et intelligence. 

 

L'émission radio de Simon, "Odile, la Mangeuse d'âmes" ou "Odile la Sorcière," qui a duré une semaine, a révélé la réalité actuelle de l'ostracisme : les quelque 500 femmes accusées de sorcellerie dans le pays se sont reconnues dans cette histoire.  Odile, 55 ans, a été bannie par son mari, sa famille et sa communauté. Obligée de partir, Odile a erré dans la nature avant de mendier dans les rues de Ouagadougou et d'être recueillie par un centre d'hébergement de la capitale. 

 

"C'est avant tout l'élément tabou de cette histoire qui m'a conduit à la dévoiler, parce que nous voyons des femmes souffrir et que personne n'en parle", a expliqué Simon.   

 

Grâce à son travail, Simon a acquis une notoriété internationale. Le prix RFI-RSF-OIF est un prix annuel de la liberté de la presse qui entend découvrir et encourager les nouveaux talents journalistiques en sélectionnant les meilleurs reportages sur les droits de l'homme. De la même façon, le prix pan-africain BBC Talent a choisi de remettre son premier prix à Simon et de lui décerner 1 million de francs CFA pour la qualité professionnelle et le choix thématique de son travail.  

 

"Je ne me suis véritablement lancé dans le journalisme qu'en 2007. Toutefois, je rêvais depuis le lycée d'être un journaliste sportif", a précisé Simon, en faisant allusion à l'intensité de l'année écoulée. 

 

Avec 25 autres camarades d'école, Simon a passé son examen d'entrée à l'Université de Ouagadougou pour suivre des études de communication et de journalisme dès qu'il a eu son baccalauréat en 2004. Aujourd'hui, Simon se concentre sur ses études et travaille à temps partiel pour la télévision nationale du Burkina.  

 

"Dans mon pays, la compétence dans ce domaine n'est pas reconnue si on n'a pas de diplôme. Je veux être diplômé pour être reconnu à ma valeur", a dit Simon. En même temps, il est conscient des limites de son programme de deuxième cycle. Selon lui, les moyens techniques nécessaires à la pratique du journalisme sont insuffisants. Il pense par ailleurs que "la pédagogie n'est pas très bonne dans le sens où les étudiants sont souvent livrés à eux-mêmes. Mais cela peut aussi les responsabiliser."  

 

La carrière de Simon révèle déjà chez lui un sens élevé de l'initiative individuelle. En plus de son travail pour la télévision, Simon tient également un blog et a travaillé pour une station de radio.  "Le blog me permet d'exercer ma liberté et d'informer mes amis.  Je constate aujourd'hui que beaucoup de gens le consultent, et j'en suis fier", a souligné Simon. Même s'il préfère la radio, car "c'est le média le plus accessible pour la population locale".  

 

Simon terminera ses études universitaires en juin prochain, mais il n'envisage pas d'arrêter sa formation à ce moment-là. Il veut par la suite préparer un master.  "J'aspire à l'excellence : je veux être un exemple, une référence dans le journalisme. J'espère qu'un nouveau journalisme verra le jour au Burkina Faso — un journalisme sans censure, sans peur, ni attaques", a-t-il conclu.   
Rap21


25/04/2008
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