SIMON- PIERRE GONGO

SIMON- PIERRE GONGO

Burkina Faso: 20 dates à rétenir

 

Le Burkina Faso, ancienne Haute-Volta, est dirigé par le même homme depuis bientôt 23 ans. La prochaine élection présidentielle devrait avoir lieu cette fin d'année, quelques jours avant la commémoration du cinquantenaire de l'indépendance, le 11 décembre 2010.

1960
Devant une foule en joie habillée en noir, blanc et rouge, les couleurs du drapeau voltaïque, Maurice Yaméogo du Rassemblement démocratique africain (RDA) proclame le 5 août l’indépendance de la Haute-Volta. Parmi les invités, un représentant de la France mais aussi les présidents Hamani Diori du Niger et Félix Houphouët-Boigny de Côte d’Ivoire. Maurice Yaméogo qui avait succédé deux ans plus tôt à Daniel Ouézzin Coulibaly (principal leader politique mort subitement à Paris) à la tête du conseil du gouvernement devient le président de la Ière république.
Il est réélu en octobre 1965 avec 99 % des suffrages. Mais son autorité est contestée. Les syndicats descendent dans la rue pour dénoncer ses fastes, ses nombreux voyages chez son ami Houphouët-Boigny et surtout les mesures d’austérité budgétaires adoptées en décembre 1965.

1966
Les mouvements de décembre 1965 prennent de l’ampleur en ce début d’année. Maurice Yaméogo fait face à un soulèvement populaire. Syndicats et partis politiques sont dans la rue avec la population. Le 3 janvier 1966, la foule est tout près d’envahir le palais présidentiel. Elle crie «l’armée au pouvoir». Sous la pression, Yaméogo démissionne. L’armée s’empare du pouvoir. Et c’est le lieutenant-colonel Sangoulé Lamizana, chef d’Etat-major qui devient le président. Il restera près de 15 ans à la tête du pays.

1970
Quelques mois après sa prise de pouvoir, l’armée suspend les activités politiques. C’est le début de l’ère des syndicats, groupuscules et partis clandestins qui feront la réputation des Voltaïques dans la lutte politique en Afrique. Sous la pression, le président Lamizana accepte un retour à une vie constitutionnelle. Le 14 juin, une nouvelle Constitution est adoptée par référendum. Elle instaure un régime parlementaire. Les législatives organisées le 20 décembre sont remportées par le Rassemblement démocratique africain (RDA) devant le Parti du regroupement africain (PRA) et le Mouvement de libération national (MLN). Ainsi, le président du RDA, Gérard Kango Ouédraogo devient Premier ministre. La HauteVolta vit une expérience originale au moment où dans les autres pays de la région, c’est la politique des partis uniques.

1974
L’année commence avec une grave crise au sein du RDA, le parti au pouvoir. Le premier ministre Gérard Kango Ouédraogo et le président de l’Assemblée nationale Joseph Ouédraogo se dispute le leadership du parti. Une motion de censure est déposée contre le premier ministre. L’Assemblée refuse de voter la Loi des finances. Le 8 février, l’armée se saisit du prétexte de «blocage institutionnel» pour reprendre le pouvoir. C’est l’instauration du «Renouveau national» avec toujours Sangoulé Lamizana comme chef de l’État. L’acte est qualifié de coup d’État par les civils.

1975
Seul maître à bord, Sangoulé Lamizana essaie d’introduire un régime de parti unique. Les syndicats voltaïques protestent vigoureusement et réclament un retour à l’ordre constitutionnel. Ils lancent les 17 et 18 décembre une grève qui restera dans les annales du syndicalisme africain. Tout le pays est paralysé. Le pouvoir recule. En février 1976, il forme un nouveau gouvernement et crée en avril une commission chargée d’élaborer une constitution.

1978
Le pays vit à l’ère de la IIIe république après l’adoption par référendum le 27 novembre 1977 de la nouvelle Constitution. Le 30 avril 1978, les élections législatives sont remportées par le RDA devant l’Union nationale pour la défense de la démocratie (UNDD) d’Hermann Yaméogo et l’Union progressiste voltaïque (UPV) de Joseph Ki-Zerbo. Le 14 mai, élection présidentielle : Sangoulé Lamizana, candidat du Rassemblement démocratique africain (RDA), affronte pour la première dans les urnes les leaders politiques. Il est mis en ballotage par Macaire Ouédraogo, candidat de l’UNDD. C’est une première en Afrique pour un président en exercice. Mais à l’issue du second tour organisé le 28 mai 1978, Lamizana est élu.

1980
La Haute-Volta connait de nouvelles turbulences. Le front s ocial est en ébullition. Depuis octobre, une longue grève paralyse le secteur de l’éducation. Le 25 novembre 1980, coup d’État militaire. Le général Sangoulé Lamizana est renversé par le colonel Saye Zerbo. Ce dernier crée le Comité militaire de redressement pour le progrès national (CMRPN).

1982
Le 7 novembre 1982, un nouveau coup d’État militaire. Le médecin-commandant Jean-Baptiste Ouédraogo devient le président. Il dirige le Conseil de salut du peuple (CSP).

1983
Le 11 janvier 1983, le capitaine Thomas Sankara est nommé Premier ministre. Membre du gouvernement du colonel Saye Zerbo, il avait démissionné le 12 avril 1982 de son poste de secrétaire d’État à l’information. Une première pour un ministre africain. «Malheur à ceux qui bâillonnent leur peuple !», avait-il lancé à son départ.
Le 17 mai 1983, le Premier ministre  Thomas Sankara est arrêté. Les élèves et étudiants descendent dans la rue pour réclamer sa libération. Le capitaine Blaise Compaoré se retranche dans son camp à Pô et organise la résistance. Celle-ci aboutit au renversement du régime, le 4 août 1983. Ce sont les débuts de la révolution démocratique et populaire, avec à sa tête le Conseil national de la révolution. Celui-ci est principalement dirigé par quatre leaders historiques : les capitaines Thomas Sankara, Blaise Compaoré et Henri Zongo et le commandant Jean-Baptiste Ouédraogo.

1984
En mars, plus de 1 000 enseignants grévistes sont licenciés.
Le 4 août, la Haute-Volta change de nom et devient le Burkina Faso qui signifie le «pays des hommes intègres». Le drapeau et l’hymne changent. Les habitants deviennent des Burkinabè.
Le régime crée les Comités de défense de la révolution (CDR) et des Tribunaux populaires révolutionnaires (TPR). Les dignitaires des anciens régimes dont l’ancien président Sangoulé Lamizana sont jugés.

1985
En décembre, un conflit frontalier oppose le Burkina au Mali. Les deux pays s’étaient déjà affrontés en 1974 pour une bande de terre dans ce que les observateurs ont qualifié de «guerre de pauvres».

1987
Les contradictions entre les dirigeants révolutionnaires se terminent dans un bain de sang. Le capitaine Thomas Sankara est assassiné le 15 octobre 1987 avec 12 de ses compagnons par un commando. Le coup d’État est mené par Blaise Compaoré qui devient le président. Il crée le Front populaire. C’est la «rectification» de la révolution du 4 août 1983.

1989
Le 18 septembre, le pouvoir dénonce une tentative de coup d’État. Accusés d’en être les auteurs, le capitaine Henri Zongo et le commandant Jean-Baptiste Lingani, deux chefs historiques de la révolution sont exécutés.

1991
Le Burkina fait un retour à l’État de droit. Une nouvelle Constitution qui instaure la IVe République est adoptée le 2 juin.
Le 1er décembre 1991 : élection présidentielle boycottée par l’opposition. Seul candidat, Blaise Compaoré est élu. Depuis lors, il s’est toujours fait réélire.

1998
13 décembre : Norbert Zongo, directeur de l'hebdomadaire L'Indépendant, est retrouvé mort, calciné, ainsi que trois de ses proches, dans une voiture à une centaine de kilomètres de Ouagadougou. Il enquêtait sur la mort mystérieuse du chauffeur de François Compaoré, le frère du président. La mort du journaliste suscite une vive émotion. Le procès de son assassinat s'achève sur un non-lieu en juillet 2006. Des organisations nationales et internationales réclament la ré-ouverture du dossier.

2010
Une nouvelle élection présidentielle est programmée pour le 21 novembre. Au terme de l’actuelle Constitution, c’est le dernier mandat possible pour Blaise Compaoré. Mais ses partisans appellent à une modification de la Constitution pour lui permettre de rester au pouvoir après 2015.

 

 



06/08/2010
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