SIMON- PIERRE GONGO

SIMON- PIERRE GONGO

Burkina Faso : après 50 ans....


Le Burkina Faso, ou «Pays des hommes intègres», est devenu l’un des pays les plus stables d’Afrique de l’ouest, après de longues années d’agitation politique ponctuées de coups d’Etat militaires. Son président Blaise Compaoré, au pouvoir depuis 1987, a réussi à se faire élire depuis l'instauration du pluralisme en 1991

 

En novembre 2010, Blaise Compaoré, l'actuel président, devrait briguer son dernier mandat, mais ses partisans appellent déjà ouvertement à une modification de la Constitution pour lui permettre de continuer après 2015. Pays pauvre, à la population réputée travailleuse, le Burkina Faso a été plus encore que ses voisins ébranlé par la crise ivoirienne, qui a aussi sans doute profité politiquement au régime en place.

 

Des États monarchiques à l'union


Pour comprendre la situation actuelle du pays, il faut évoquer sa longue histoire, marquée par la constitution de royaumes homogènes dont on trouve un prolongement jusqu’à l’époque contemporaine, tandis que la vie politique à l’indépendance ne cesse d’osciller entre régime d’exception et pluralisme.

 

Au XIIe siècle, des descendants de Yennenga (une amazone du Nord-Ghana) fondent les quatre royaumes Mossi, dont Ouagadougou, le plus puissant, est administré par un roi (Moro Naba). Cet ensemble souple parvient jusqu’au début du XIXe siècle à établir une cohésion entre les différents groupes (Gourounsi, Gourmantché, Dioula, Peul, etc.), à résister à ses puissants voisins (Mali, Songhay) et à la pénétration de l’Islam.

Soumis en 1897, il est intégré en 1911 à l’Afrique occidentale française (AOF) puis devient en 1919 la colonie de Haute-Volta. Déjà pourvoyeuse de main d’œuvre pour le reste de la région, celle-ci est partagée entre la Côte d’Ivoire, le Soudan et le Niger en 1932, puis reconstituée en 1947.

Les premiers pas de l'indépendance

Dix ans plus tard, Ouezzin Coulibaly, leader de l'UDV, Union démocratique voltaïque (représentant en Haute-Volta le RDA, le Rassemblement démocratique africain), dirige le Conseil de gouvernement. À sa mort en 1958, Maurice Yaméogo lui succède puis instaure, après l’indépendance le 5 août 1960, un régime de parti unique. Il est chassé en 1966 par le mécontentement social.

 

Le colonel Sangoulé Lamizana, qui prend alors le pouvoir, rétablit le pluralisme (pour la première fois depuis 1959, des élections législatives concurrentielles, avec 7 partis en lice, sont organisées en décembre 1970), mais celui-ci ne dure guère. La Constitution de 1977 remet le multipartisme (limité au tripartisme) à l’ordre du jour, Lamizana est réélu, avant d’être balayé en 1980 par le colonel Saye Zerbo, évincé à son tour par le commandant Jean-Baptiste Ouedraogo.

 

La révolution


En 1983, une nouvelle génération de militaires s’installe au pouvoir : le capitaine Thomas Sankara prend la tête d’un Conseil national de la révolution (CNR), puis rebaptise la Haute-Volta, Burkina Faso. Les jeunes dirigeants, animés par un projet de transformation radicale de la société, entreprennent de lutter contre le gaspillage et la corruption, et de confier le pouvoir au «peuple».

 

Pendant quelques courtes années, le pays devient une référence pour la jeunesse africaine, et Thomas Sankara un héros international. Mais les exactions des Comités populaires de la Révolution (CDR), autant que les difficultés économiques et l’hostilité de la communauté internationale, suscitent un putsch, le 15 octobre 1987, où Thomas Sankara trouve la mort.

La «rectification»

 

Sous l’égide du Front populaire, le capitaine Blaise Compaoré prône la « rectification », au plan économique (libéralisation) et politique. Le pays est pacifié, il rétablit le multipartisme, est confirmé à la tête de l’Etat lors de scrutins sans enjeu (1991 et 1998) qui voient s’affirmer l’emprise de son parti, le CDP (Congrès pour la démocratie et le progrès) sur la vie politique.

Sans faire figure de «vieux sage», Blaise Compaoré a su se poser en médiateur dans certains conflits au niveau régional (rébellion des Touareg du Niger, en 1995). Mais ses soutiens présumés au Libéria de Charles Taylor, puis aux rebelles ivoiriens qui prenaient en 2002 le contrôle du Nord de la Côte d’Ivoire, l’ont placé dans un relatif isolement. Il retrouve son rôle d'intermédiaire ai Togo à partir de 2007, se rapproche à nouveau d'Abidjan en 2008, et contribue activement à la résolution du conflit guinéen depuis l'année passée.

Economie assistée


Situé dans la boucle du Niger, le Burkina Faso (274 200 km²) est un pays enclavé, constitué d’un plateau aux sols arides ou latéritiques, dont la faible déclivité gêne l’écoulement d’un réseau hydrographique dense, mais peu utilisable (Comoé, Voltas). C’est un des Etats les plus peuplés d’Afrique de l’ouest (13,4 millions d’habitants en 2004), avec un taux de croissance annuel de 2,9 %. Sa population, dominée numériquement par l’ethnie mossi (48% environ) est très composite ; les musulmans y comptent pour 43 % du total, avec un fort noyau chrétien (12,2 %), notamment catholique, ces confessions étant en nombre croissant. Elle a depuis la colonisation constitué un réservoir de main d’œuvre pour toute la sous-région, surtout la Côte d’Ivoire où vivent plus de 2 millions de Burkinabés.

 

L’impact de la crise en Côte d’Ivoire sur la fragile économie burkinabè (4 264 millions de dollars de PIB en 2003), marquée par la baisse des transferts financiers, l’afflux des rapatriés (au moins 350 000), a été limité par la réouverture partielle de la frontière et la réorganisation des flux vers les pays voisins (66% des marchandises transitaient par le port d’Abidjan).

 

Classé parmi les plus pauvres au monde (177e sur 182 pays, selon l'Index du développement humain. PNUD 2009), le pays vit de l’agriculture et de l’élevage et reste très sensible aux dégradations de la pluviométrie. Devenu l’un des plus importants producteurs africains de coton, le Burkina Faso subit les effets de la baisse des cours mondiaux, due en partie aux subventions des pays du nord à leurs producteurs. La hausse des hydrocarbures a contribué aussi à la forte détérioration des termes de l’échange, toutes ces dernières années.

 

Ce pays très dépendant de l’aide internationale et où fleurissent les ONG de développement, bénéficie d’une bonne image de marque à l’étranger. Un tourisme de découverte s’y est développé, et sa capitale, Ouagadougou, draine un public nombreux à l’occasion (depuis 1969) de la principale manifestation culturelle nationale : le Festival panafricain du cinéma et de la télévision (Fespaco). Cette activité a suscité une création cinématographique parmi les plus dynamiques d’Afrique.
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06/08/2010
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