BURKINA FASO: Les paysans refusent de vendre leur riz au gouvernement burkinabè
Récemment vous avez lancé une campagne de collecte de riz paddy (riz non décortiqué). Pouvez-vous nous en dire plus sur cette campagne.
C'est une campagne initiée par l'Etat burkinabé afin de s'assurer que les paysans pourront vendre une bonne partie de leurs productions, une façon d'accompagner commercialement les producteurs, d'améliorer la production, de booster les ventes et d'atteindre l'autosuffisance alimentaire qui pourrait nous conduire à exporter au mieux notre riz. Ce sont donc les raisons principales de cette campagne que nous mènerons jusqu'au début de la saison pluvieuse.
Combien de tonnes avez-vous prévu d'obtenir en fin de collecte et quelles sont les difficultés auxquelles vous êtes confronté lorsque vous menez ce type d'opération ?
Nous avons prévu de collecter 40 000 tonnes de riz non décortiqué pour constituer le Stock national de sécurité (le SNS). Le SNI c'est donc le stock que l'Etat burkinabé prévoit pour les prisons, les corps habillés et ses autres agents. Mais il y a aussi un autre, le stock d'intervention (SI), qui est le stock prévisionnel qui permet de réguler le marché lors de la flambée des prix. En effet nous rencontrons quelques difficultés au niveau des producteurs qui refusent de nous céder leurs productions au prix fixé par l'Etat. Ces derniers trouvent que ces prix sont trop bas. Donc nous ne sommes pas sûrs de pouvoir atteindre les 40 000 tonnes que nous nous sommes fixés.
Comment expliquez-vous cette réticence ?
Il y a une forte demande. Cette année, les pays frontaliers comme le Bénin, le Togo, le Ghana et la Cote d'Ivoire connaissent quelques difficultés d'ordre climatiques, social, politique, etc. Ils viennent donc s'approvisionner chez nous. Et en plus, ils proposent des prix plus élevés que ceux que nous proposons. Et le pire, c'est que depuis quelques temps, ils ne s'adressent plus aux distributeurs ou aux commerçants, mais vont directement vers les producteurs paysans. Comme ces prix sont plus intéressants que les nôtres, nous sommes confrontés à un refus quand nous nous adressons à eux. C'est d'ailleurs ce qui explique la flambée actuelle des prix du riz au Burkina Faso.
Est- ce que c'est une attitude normale?
Disons que les prix que nous pratiquons sur le marché sont des prix étudiés. Avant de fixer le prix d'achat du produit, le ministère, les techniciens et commerçants font des analyses avec les prix les plus élevés. Cette année, les analyses ont été faites au Sourou où nous avions les prix par kilogramme les plus élevés. C'est ainsi que cette année, nous l'avons fixé à 115 F CFA/kg. Et quand nous faisons un calcul pour avoir une idée sur les gains des producteurs et commerçants, nous voyons que tout un chacun sort bénéficiaire de cette campagne. Vous savez, l'Etat aide les paysans à améliorer leur production, par divers apports (engrais, matériels,…) et lorsqu'il y a excédent comme cette année, l'Etat s'engage à acheter une bonne partie de la production, autant pour son stock prévisionnel que pour encourager les producteurs.
Que comptez-vous faire?
D'abord sachez que c'est un problème de loi du marché. La demande est supérieure à l'offre, malgré l'excédent de production, les pays voisins vont jusqu'au niveau de nos marchés pour se ravitailler. Il faut donc revoir les accords, réorganiser le marché en revoyant le circuit de distribution. Mais toutes ces solutions ne pourront se faire que si les différents ministères concernés décident de travailler ensemble. Car nous, la Sonagess n'avons pour le rôle de régulateur de marché.
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