SIMON- PIERRE GONGO

SIMON- PIERRE GONGO

Un gouvernement pour quoi faire?

Le gouvernement sapeur pompier est connu. Avec 29 membres contre 38 dans l’ancien, Luc Adolphe Tiao a tenu le pari du resserrement sans réussir celui de l’ouverture. Mais que pourra vraiment ce beau monde aussi technocrate que compétent chacun dans son domaine, dans un climat si délétère, signe d’un malaise ambiant au Faso ?

 

Cette équipe a du nouveau. Pour la première fois en 20 ans de vie démocratique, le Burkina a changé sa classe dirigeante. 25 membres du gouvernement Tertius ont été sacrifiés sur l’autel de la paix. Pour combien de temps encore personne ne sait.

 

Mais à l’évidence, les hommes ont changé mais les problèmes des burkinabè demeurent. C’est un secret de polichinelle, les Burkinabè ont faim. La paupérisation s’accroit jours après jours. Pour ne rien arranger la crise ivoirienne en a rajouté avec la fermeture du principal corridor d’importation et d’exportation.

 

Les prix des produits de premières nécessités ont connu une hausse jamais égalée. La plupart des citoyens vivent en dessous du seuil de pauvreté alors qu’au même moment, une minorité sortie de nulle part, baigne dans une opulence insultante.

 

En dehors des militaires qui ont eu gain de cause dans leurs revendications corporatistes du fait de leurs armes, les syndicats, la coalition contre la vie chère attendent encore avec impatience les réponses à leurs plateformes revendicatives.

 

Au même moment, le dossier Justin Zongo, fruit d’une bavure policière reste pendant. Les élèves et étudiants qui ne voudront pas d’une justice d’exception attendent une justice libre et transparente.

 

Dans ce monde de facebook, Twitter, youtube et autres, le nouveau gouvernement aura du mal à satisfaire aux désirs oh combien insatiables d’une jeunesse perdue dans l’univers des dirigeants non en phase avec son époque.

 

En fait, le Burkina, dont l’université est parmi les meilleurs d’Afrique de l’ouest, 2e après Cheick Anta Diop selon le Conseil Africain et Malgache pour l’Enseignement Supérieur, fabrique depuis une dizaine d’année des chômeurs.

 

Ces jeunes sans boulots, laissés au ban, par le régime dont les dirigeants bien nantis sont passés depuis peu dans l’arrogance, ne cherchent pas forcement de changement d’hommes mais de système.

 

Quelles que soient les compétences de ces hommes nommés par Luc Adolphe Tiao, ils vont se gripper sur les filets du système du régime Compaoré qui a réussi à dompter Tertius Zongo malgré ses idées américaines.

 

Sans être un oiseau de mauvais augure, le retour de la stabilité en Côte d’Ivoire ne va pas favoriser Compaoré qui a bâti sa légitimité nationale depuis 2005 sur ce pays. Car c’est à partir de la marche de soutien à son départ à Marcoussis au sommet sur le Côte d’Ivoire, avec sa phrase « Gbagbo finira comme Milosevic » dans les colonnes du Parisien qu’il a acquis définitivement la confiance nationale après plusieurs années de crise consécutive à la mort de Norbert Zongo.

 

Cette fois encore le navire Compaoré tangue. Certes, le capitaine a revêtu son taillis pour commander l’armée en qualité de ministre de la défense, mais la crise est sur tous les fronts. Il faudra calmer à la fois les scolaires, les étudiants, les syndicats et les commerçants, rien n’est moins sûr que les choses marchent.



26/04/2011
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